1.2 La Grande Porte de la Tour Blanche d’Echtelion se dressait devant Issaadan comme un juge prononçant la sentence. Le silence accompagnait son départ. La main du capitaine Faramir se posa sur son épaule.
« Des siècles à bâtir ce qui le temps d’un spasme disparaît… ». Ces dires semblaient s’évader de l’âme du lieutenant déchu… Voyez, Capitaine, ce héraut que je porte ». Issaadan avait revêtu la tunique brune qui fut portée par les armées des peuples du Sud il y a bien longtemps.
Taillée dans le cuir grandiose d’un animal inconnu des Gondoriens, elle avait traversé les âges sur dix générations.
« Cette tunique est tout ce qu’il me reste…».
Faramir, qui connaissait l’histoire des Mùmador, comprenait toute la force symbolique de ces quelques mots. Beaucoup de Gondoriens d’ailleurs connaissaient l’histoire des Mùmador, d’Islaatan Mùmador.
Islaatan vivait trois cent ans avant que naisse Issaadan.
Grand de presque deux mètres, il était une force de la nature, un guerrier redoutable au service des Rois Haradrim, et un fin stratège, commandant de la Région Nord du territoire de l’alliance Orientale. Sa peau était brûlée comme celle des siens, noircie par le soleil et le désert de sa terre natale, le pays des Haradrims. L’histoire, cette rumeur qui parcoure les sillons du temps se souvint de lui comme d’un être, non pas brutal et sans pitié comme l’est perçu son peuple, mais d’un homme intelligent, ouvert et cultivé.
En dépit de maints obstacles, il œuvra pour instaurer un dialogue entre les Haradrims et les peuples héritiers de Nùmenor. De son temps, les échanges apparurent et se multiplièrent entre la Région nord qu’il administrait et le sud du Gondor.
Aujourd’hui au Gondor, on se plait a dire qu’il admirait la culture des Hommes, la splendeur rayonnante de leur civilisation, et leur supériorité indéniable.
Dans les contrées méridionales de la Terre du Milieu, on se souvient de lui comme d’un traître, envoûté tel une pie par la brillance de la Tour Blanche de Minas Tirith, la luxure et le vice des Hommes.
Pour dire vrai, Islaatan s’était ouvert au Gondor comme il le fit pour les Orientaux et le peuple d’Umbar. Il voyait dans la complémentarité des peuples une forme de richesse et le socle d’une paix possible. Bien sur, durant sa carrière militaire il avait mené de nombreux combats contre les armées du Gondor. Mais il se battait parce que son père s’était battu, comme son père l’avait fait à son tour, et ainsi toute la lignée de ses aïeux…les choses changent….seule sa méfiance envers le seigneur du Mordor ne changea pas.
Un jour, tandis qu’il vivait son trente cinquième printemps, il se produisit une chose que l’on ne revit pas depuis lors. Alors qu’il se rendait à un conseil au nord de la frontière, lslaatan tomba en amour pour la fille d’un notable d’Osgiliath, entraperçu dans une rue de la ville fluviale. La demoiselle dont les traits fascinèrent le commandant Haradrim se nommait Elydraen. Sa beauté avait fasciné bien plus d’un homme…elle aurait pu rendre fou un orque, entend t’on encore dans les récits populaires.
Lui aussi était beau, d’une beauté différente, cachée aux yeux des Gondoriens parce que méconnue, rendue floue par les préjugés, la peur, mais révélée par l’habitude du regard. Et ces deux personne prirent l’habitude de se voir et se regarder…à l’exotisme succéda le respect puis l’amour. Et de cet amour naquit une famille, une lignée et des descendants.
Une belle histoire si elle s’arrêtait là. Mais la profondeur de nos vies regorge de moments sombres comme ceux qu’ont vécu Issaadan et son aïeul…et de moments de gloire aussi.
La guerre éclata…encore.
L’Alliance Orientale de nouveau suivait les ordres du Mordor et guerroyait aux cotés des orques. Islaatan, qui n’était pas encore père, était déjà vu comme un traître par les souverains Haradrims, et son désaccord face a cette guerre dictée par Sauron ne trouva aucune oreille pour l’entendre.
Islaatan fit alors le choix terrible de quitter ses terres qui l’ont vu naître, grandir et s’épanouir. Il demanda l’asile à l’intendant du Gondor pour lui et les quelques proches qui ont bien voulu le suivre. Ces frères choisirent la guerre…
La guerre eut lieu et se termina avec la rancœur partagée qui verra naître la suivante.
Islaatan cette fois ne s’illustra pas au combat, pour quel camp que ce soit. Il tint seulement sa promesse de protéger Elydraen et sa famille qui l’avait accepté.
Ce n’est qu’au lendemain de la guerre qu’il connut la gloire qu’on lui sait au Gondor, et que lui fut attribué son surnom qui traversa les âges : Islaatan Mumador (le maître des Mumakil), le dresseur d’oliphant.
Car Islaatan usa du patrimoine des Haradrims pour reconstruire le patrimoine qu’ils avaient mis a sac.
« La force est une créature a deux têtes, disait il a ses enfants, elle est destruction et création…et quoi de plus fort en ce monde qu’un grand mumakil ! ».
Par le biais de vieilles alliances familiales, il réussi a faire venir dans les campagnes d’Osgiliath deux Oliphants, mâle et femelle, qu’il dressa de son savoir-faire inné.
Tenus en respect par la main habile du Haradrim, ces animaux se révélèrent d’habiles manœuvres sur les chantiers de reconstruction dispersés parmi les villes et les villages. Les oliphants, du haut de leur trente mètres, s’illustrèrent particulièrement dans la réfection des grands édifices. Combien de citoyens d’Osgiliath n’ont questionné leur lucidité quant il virent ces créatures ériger la haute statue de Numenor, détruite l’an passé par les défenses de ces mêmes créatures.
En trois ans, nulle trace de la guerre n’était encore visible. En trois ans, Islaatan gagna le respect et la reconnaissance de son peuple d’adoption, et lega a dix générations de sa descendance son nom et son histoire ……
*…la pluie efface les pas des soldats, les fleurs terminent son combat…*
« Ne croyez pas mon Père, Issaadan, fils de Faaladan le Fier…Il est devenu un homme mauvais depuis la mort de ma mère, et sa perception des faits est troublée par les visions qu’il a. Vous n’êtes en rien coupable dans la chute d’Osgiliath. Vous êtes et serez toujours, comme l’a toujours été votre famille, un fils, un citoyen et un fier serviteur du Gondor. »
« Minas Ithil est tombé en des temps immémoriaux, aujourd’hui c’est Osgiliath…peut être pensez vous que je sois innocent face a toutes ces pertes, mais pourquoi me sens je si coupable dans ce cas…pourquoi la honte et la colère déchirent elle mon cœur comme cette balafre mon visage! Votre père n’a plus la lucidité qui accompagna toutes votre lignée, Faramir, mais aujourd’hui, il a pris la décision que j’aurai moi-même prise. Je m’en vais Capitaine, ce fut un très grand honneur de servir sous vos ordres. » conclut Issaadan en s’inclinant.
La lueur du jour emplissait lentement le ciel, mais a l’est, le soleil peinait a dissiper les épais nuages noirs. Issaadan passa la grande porte et commença a avancer dans les champs de Pelenor.
« Nous nous reverrons Lieutenant, j’en suis convaincu » dit la voix de Faramir dans son dos. « N’oubliez pas qui vous êtes, Issaadan, ni d’où vous venez. Et le Gondor se souviendra de vous. »
A suivre…..
« Des siècles à bâtir ce qui le temps d’un spasme disparaît… ». Ces dires semblaient s’évader de l’âme du lieutenant déchu… Voyez, Capitaine, ce héraut que je porte ». Issaadan avait revêtu la tunique brune qui fut portée par les armées des peuples du Sud il y a bien longtemps.
Taillée dans le cuir grandiose d’un animal inconnu des Gondoriens, elle avait traversé les âges sur dix générations.
« Cette tunique est tout ce qu’il me reste…».
Faramir, qui connaissait l’histoire des Mùmador, comprenait toute la force symbolique de ces quelques mots. Beaucoup de Gondoriens d’ailleurs connaissaient l’histoire des Mùmador, d’Islaatan Mùmador.
Islaatan vivait trois cent ans avant que naisse Issaadan.
Grand de presque deux mètres, il était une force de la nature, un guerrier redoutable au service des Rois Haradrim, et un fin stratège, commandant de la Région Nord du territoire de l’alliance Orientale. Sa peau était brûlée comme celle des siens, noircie par le soleil et le désert de sa terre natale, le pays des Haradrims. L’histoire, cette rumeur qui parcoure les sillons du temps se souvint de lui comme d’un être, non pas brutal et sans pitié comme l’est perçu son peuple, mais d’un homme intelligent, ouvert et cultivé.
En dépit de maints obstacles, il œuvra pour instaurer un dialogue entre les Haradrims et les peuples héritiers de Nùmenor. De son temps, les échanges apparurent et se multiplièrent entre la Région nord qu’il administrait et le sud du Gondor.
Aujourd’hui au Gondor, on se plait a dire qu’il admirait la culture des Hommes, la splendeur rayonnante de leur civilisation, et leur supériorité indéniable.
Dans les contrées méridionales de la Terre du Milieu, on se souvient de lui comme d’un traître, envoûté tel une pie par la brillance de la Tour Blanche de Minas Tirith, la luxure et le vice des Hommes.
Pour dire vrai, Islaatan s’était ouvert au Gondor comme il le fit pour les Orientaux et le peuple d’Umbar. Il voyait dans la complémentarité des peuples une forme de richesse et le socle d’une paix possible. Bien sur, durant sa carrière militaire il avait mené de nombreux combats contre les armées du Gondor. Mais il se battait parce que son père s’était battu, comme son père l’avait fait à son tour, et ainsi toute la lignée de ses aïeux…les choses changent….seule sa méfiance envers le seigneur du Mordor ne changea pas.
Un jour, tandis qu’il vivait son trente cinquième printemps, il se produisit une chose que l’on ne revit pas depuis lors. Alors qu’il se rendait à un conseil au nord de la frontière, lslaatan tomba en amour pour la fille d’un notable d’Osgiliath, entraperçu dans une rue de la ville fluviale. La demoiselle dont les traits fascinèrent le commandant Haradrim se nommait Elydraen. Sa beauté avait fasciné bien plus d’un homme…elle aurait pu rendre fou un orque, entend t’on encore dans les récits populaires.
Lui aussi était beau, d’une beauté différente, cachée aux yeux des Gondoriens parce que méconnue, rendue floue par les préjugés, la peur, mais révélée par l’habitude du regard. Et ces deux personne prirent l’habitude de se voir et se regarder…à l’exotisme succéda le respect puis l’amour. Et de cet amour naquit une famille, une lignée et des descendants.
Une belle histoire si elle s’arrêtait là. Mais la profondeur de nos vies regorge de moments sombres comme ceux qu’ont vécu Issaadan et son aïeul…et de moments de gloire aussi.
La guerre éclata…encore.
L’Alliance Orientale de nouveau suivait les ordres du Mordor et guerroyait aux cotés des orques. Islaatan, qui n’était pas encore père, était déjà vu comme un traître par les souverains Haradrims, et son désaccord face a cette guerre dictée par Sauron ne trouva aucune oreille pour l’entendre.
Islaatan fit alors le choix terrible de quitter ses terres qui l’ont vu naître, grandir et s’épanouir. Il demanda l’asile à l’intendant du Gondor pour lui et les quelques proches qui ont bien voulu le suivre. Ces frères choisirent la guerre…
La guerre eut lieu et se termina avec la rancœur partagée qui verra naître la suivante.
Islaatan cette fois ne s’illustra pas au combat, pour quel camp que ce soit. Il tint seulement sa promesse de protéger Elydraen et sa famille qui l’avait accepté.
Ce n’est qu’au lendemain de la guerre qu’il connut la gloire qu’on lui sait au Gondor, et que lui fut attribué son surnom qui traversa les âges : Islaatan Mumador (le maître des Mumakil), le dresseur d’oliphant.
Car Islaatan usa du patrimoine des Haradrims pour reconstruire le patrimoine qu’ils avaient mis a sac.
« La force est une créature a deux têtes, disait il a ses enfants, elle est destruction et création…et quoi de plus fort en ce monde qu’un grand mumakil ! ».
Par le biais de vieilles alliances familiales, il réussi a faire venir dans les campagnes d’Osgiliath deux Oliphants, mâle et femelle, qu’il dressa de son savoir-faire inné.
Tenus en respect par la main habile du Haradrim, ces animaux se révélèrent d’habiles manœuvres sur les chantiers de reconstruction dispersés parmi les villes et les villages. Les oliphants, du haut de leur trente mètres, s’illustrèrent particulièrement dans la réfection des grands édifices. Combien de citoyens d’Osgiliath n’ont questionné leur lucidité quant il virent ces créatures ériger la haute statue de Numenor, détruite l’an passé par les défenses de ces mêmes créatures.
En trois ans, nulle trace de la guerre n’était encore visible. En trois ans, Islaatan gagna le respect et la reconnaissance de son peuple d’adoption, et lega a dix générations de sa descendance son nom et son histoire ……
*…la pluie efface les pas des soldats, les fleurs terminent son combat…*
« Ne croyez pas mon Père, Issaadan, fils de Faaladan le Fier…Il est devenu un homme mauvais depuis la mort de ma mère, et sa perception des faits est troublée par les visions qu’il a. Vous n’êtes en rien coupable dans la chute d’Osgiliath. Vous êtes et serez toujours, comme l’a toujours été votre famille, un fils, un citoyen et un fier serviteur du Gondor. »
« Minas Ithil est tombé en des temps immémoriaux, aujourd’hui c’est Osgiliath…peut être pensez vous que je sois innocent face a toutes ces pertes, mais pourquoi me sens je si coupable dans ce cas…pourquoi la honte et la colère déchirent elle mon cœur comme cette balafre mon visage! Votre père n’a plus la lucidité qui accompagna toutes votre lignée, Faramir, mais aujourd’hui, il a pris la décision que j’aurai moi-même prise. Je m’en vais Capitaine, ce fut un très grand honneur de servir sous vos ordres. » conclut Issaadan en s’inclinant.
La lueur du jour emplissait lentement le ciel, mais a l’est, le soleil peinait a dissiper les épais nuages noirs. Issaadan passa la grande porte et commença a avancer dans les champs de Pelenor.
« Nous nous reverrons Lieutenant, j’en suis convaincu » dit la voix de Faramir dans son dos. « N’oubliez pas qui vous êtes, Issaadan, ni d’où vous venez. Et le Gondor se souviendra de vous. »
A suivre…..